jeudi 14 octobre 2010

TRICKS OF THE TRADE



Le tout dernier épisode s’achevait sur une note de massacre du  travail que nos superhéros de la Ligue des Publicitaires Camerounais abattent chaque jour. C’est vilain n’est-ce pas, mais pensez vous sérieusement que Superman serait intéressant juste avec son slip pardessus ses collants ? Non, alors merci à Lex Luthor pour tout ces épisodes palpitants, merci au Joker d’avoir sauvé Batman du chômage, merci au système d’être à l’origine du petit virus Killjoy (rire démoniaque avec bruit de tonnerre en fond sonore)
Et là les lecteurs se demandent de quel côté va partir le coup cette fois ?...Donnez-moi un S, comme dans Suspense….Non, un S, comme dans :
SIGNAL CALCIUM DOUBLE
Encore un 4X3. Cette fois il s’agit de la toute dernière campagne de la marque de dentifrice Signal (Unilever), pilotée par l’agence Tendances Scenic. Nouveau look donc nouveau concept, qui nous change un peu des petites filles et des mamans qui sourient niaisement à la vie. Le visuel de l’affiche présente une jeune femme au visage voilé, qui tient fermement dans sa bouche un tube dentifrice Signal.
Passons outre le côté plastique de la chose, la jeune femme au teint un peu trop parfait ou devrais-je dire un peu trop parfaitement photoshopé, avec ses boucles d’oreilles en forme de dents (bizarre, hein...). Le visuel est charmant (façon de parler), il capte facilement l’attention, le contraire serait même étonnant, avec des tons aussi frappants.  Ce qui nous intéresse c’est le fond, le petit truc qui manque et transforme  cette bonne idée de départ en arnaque. Euh pardon pour parler publicitairement correct, en pub mensongère : l’argument scientifique.
Signal Calcium Double : Nouvelle identité de l’ancien Signal 2, vous proposant un tout nouveau forfait incluant 12 heures de protection, un renforcement de la sécurité buccodentaire (c’est là que le calcium intervient), et bien évidemment, une haleine fraaaaaaiiiiche…


Sauf qu’en voulant bien faire, vous en avez carrément trop fait. Qu’est-ce que c’est que cette blancheur lumineuse ?! Désolée mais je ne marche pas, pour l’instant aucun produit Signal camerounais ne peut honnêtement affirmer faire parvenir à un résultat pareil, sauf si bien sur le tube est vendu avec un soin détartrage fréquent.  Retournez le paquet d’emballage dans tous les sens de lecture possible, vous ne lirez nulle part « Ce dentifrice rend les dents aussi blanches que celles de la fille sur l’affiche », tout simplement parce que la blancheur surréaliste n’a jamais été l’argument scientifique de base. Vous avez bien dit calcium, protection caries, bla bla bla, et la promesse de blancheur que cette affiche implique, je suppose que vous laisserez le consommateur se débrouiller avec, genre « oui, acharnez vous sur vos dents après chaque repas, si ça ne marche pas, veuillez acheter un autre tube » ! Mercantiliste et sans, mais vraiment sans scrupule.  Une stratégie créative implique une promesse au consommateur, ladite promesse qui se doit d’être en cohérence avec les caractéristiques du produit. Je répète vous avez dit sécurité buccodentaire, pas blancheur. La lumière sur les dents, qui constitue par ailleurs l’élément le plus frappant de la pub, n’a donc rien à faire sur l’affiche. Apprenons à rester dans les normes, sinon là on retombe en plein âge d’or de la pub n’importe comment, Cf les 60’s, où les industriels du tabac pouvaient ouvertement affirmer que griller des cigarettes à longueur de journée vous donne une haleine fraaaiiiiiiiche.
Ou alors vous n’aviez pas prévu cette situation ?... Était-ce encore un trip à là « on va faire comme à la télé ! » ?... Hmm, bien de loin, loin d’être bien. Et d’ailleurs, en parlant de sécu buccodentaire, est-ce vraiment conseillé par les dentistes de mordre rageusement dans un objet ?... Ok d’accord, je chipote. Mais on parle bien de pub, là : tout est dans les détails !
                                                                                              To Be Continued
                                       KILLJOY



mercredi 6 octobre 2010

NO LIMIT STORY



    Allons bon. Vous n’avez même pas attendu cinq minutes, que j’achève ma dernière phrase, que vous me donnez déjà des raisons de recommencer à faire ma Killjoy…Bien ! Puisque vous aimez tant parler et faire parler de vous, continuez, moi je continuerai d'écrire !
   A ceux qui se demandent toujours comment se porte la publicité camerounaise : vous vous rappelez du film Never Ending Story (l’histoire sans fin) ? Non ? Pas Grave, parce que voici, juste pour vous, l’histoire Sans limites !

                      NO LIMIT STORY
       C’était il y a à peine quelques semaines, alors que, parcourant les endroits stratégiques de notre cité capitale chérie, l’on découvrait un nouvel arrivant dans la famille des 4X3. Nouvel arrivant bof, c’était juste une affiche comme les autres, avec un texte en blanc disant « NO LIMIT » écrit sur un fond bleu. On ne peut plus original, hein. Oui, voyez-vous, cette véritable explosion de créativité semble trouver une explication ou plutôt une justification dans l’expression Teasing.
      Oui, Teasing : procédé publicitaire consistant à mener une campagne publicitaire en deux phases ; Le teasing proprement dit, où on intrigue le consommateur avec un message pour le moins énigmatique, en lui cachant la marque de l’annonceur et la Révélation, où on lui explique enfin ce qui se passe.
     Ou plutôt, pour parler comme nos publicitaires locaux, Teasing : procédé publicitaire  consistant à copier chez le voisin, cherchant à créer un faux suspense qu’on fera durer au-delà des limites du supportable avant d’expliquer au pauvre consommateur à quoi on jouait, même si au fond, petit 1 : il savait déjà à quoi on jouait, petit 2 : il se moque pas mal de savoir à quoi on jouait, petit trois : petit1+petit2.
Et le grand gagnant du prix petit 1+petit 2 est bien sûr la Campagne No Limit, entendez No Limit à la paresse et au copié-collé. Alors, on a une affiche dont les couleurs sont le bleu et le blanc et dont le texte proclame fièrement No Limit. Hmm, je me demande qui ça peut bien être ! (Suspense) je vais faire marcher mon sens de l’analyse sémiologique et décortiquer la situation : fond bleu comme le ciel, texte blanc comme les nuages, No limit comme dans « pas de limite, juste le ciel… » Et puis quoi encore, Camtel ?! Une affiche avec vos couleurs d’entreprise et un message qui fait directement référence à une baisse de tarif chez le seul opérateur en téléphonie mobile qui ne sait tellement plus comment réagir face à la concurrence qu’il baisse ses tarifs toutes les cinq minutes ? Vous appelez ça un Teasing ? Admettons. Mais lorsque l’histoire s’étend sur plus de deux semaines (impliquant bien évidemment une baisse critique de l’intérêt du public), on commence  à se demander si c’est pas une tentative de rentrer dans les Records Guinness des Teasing les plus longs et les moins réussis de l’histoire.
     Le piège à éviter au moment de la révélation, (mais dans lequel je parierais presque que vous allez tomber) serait celui du phénomène Malt Up par Voodoo, ou le « Teasing Aléatoire », qui consiste à faire nager les consommateurs dans l’incohérence totale, en oubliant d’enlever les affiches de la phase 01 à certains endroits de la ville alors que vous êtes déjà passés à la révélation. Bon, c’est pas pour dire, mais en vingt ans ou presque de réflexion, si on considère encore le Teasing comme le nec plus ultra de la création publicitaire, c’est qu’on est encore loin du compte. Mais si vous insistez, vous pouvez toujours aller en page 19 du Magazine Comnews, N°66, (Septembre 2010) il y a un petit cours sur le Teasing. Oui un peu de documentation par ci par là ça ne fait pas de mal.


                                                                                                
TBC
                                                                                      Killjoy